Episode 15 : 👉Le problème de la pénétrante-est de #Metz (603) au milieu des habitations 👈 : comment peut-on envisager d’améliorer la situation ? (4/10/23)

La question vient d'être relancée par la réduction de la vitesse à 70km/h. 

C'est très bien, cela fait baisser  les émissions de particules et le bruit, alors que la voie rapide se situe au ras de nombreuses habitations.

Mais puisqu’est ainsi posé la question de l’insertion urbaine de cette voie rapide, quels enjeux peut-on y lister ?

Quels sont les fonctions et effets de cette voie rapide ? Comment corriger les nuisances ? Et pour aller plus loin : réduire l’emprise de la route ?

  DIAGNOSTIC : les effets de la D603.

La pénétrante-est D603 a un effet paradoxal sur l’agglomération messine, et en particulier Metz-est.

a) Elle contribue à faire un lien efficace entre le centre-ville, les quartiers est, et les grands axes partant vers l’est. A ce titre on imagine qu’elle soulage sensiblement la circulation sur les faubourgs parallèles (route de Borny, avenue de Strasbourg, route de Vallières, et surtout rue Metman); leur circulation se réduit à du trafic intra-urbain. Grâce à la voie rapide, à chaque voie sa 

fonction. 

Au même titre que l’A31 avec les quartiers nord et sud-ouest, on peut considérer que la pénétrante-est joue un rôle essentiel sur la congestion routière relativement faible à Metz, pour une ville de cette taille.

Enfin, toujours comme l’A31, elle joue aussi un rôle positif pour limiter la désintégration du centre-ville vers la périphérie : le centre est particulièrement bien accessible en voiture depuis toutes les directions, sans avoir à traverser les quartiers périphériques.

b) En revanche, son insertion dans le tissu urbain est problématique. C’est le revers de la médaille : si les faubourgs traversant de Bellecroix, Plantières et Vallières sont apaisés, tout le trafic est reporté sur la voie rapide où il se concentre. Ses abords, urbanisés, sont donc en proie à toutes les nuisances (particules fines, bruit, visuel). La voie rapide a été construite sur une ancienne voie ferrée au début des années 70. Ces nuisances ne sont donc pas nouvelles, mais puissantes et nombreuses, vu le nombre d’habitations à proximité directe.

Notons toutefois que les nuisances sont moindres que l’A31 : le trafic y est nettement moins important et contrairement à cette dernière, il y a très peu de poids-lourds et de transit en général. Par contre, c’est l’autre différence notable avec l’A31, la pénétrante-est, D603, est désormais une route métropolitaine. La métropole aurait donc compétence directe pour atténuer ces nuisances.

PERSPECTIVES 

a) La suppression pure et simple ne s'envisage pas sérieusement. 

Cela éliminerait les avantages relevés plus hauts. La rue Metman deviendrait le principal accès aux routes et autoroutes vers l’est; et dans une moindre mesure l’avenue de Strasbourg pour l’accès à la D955, le Technopôle et Mercy. 

Bref, cela contribuerait à désorganiser les flux, rendre le réseau routier de la métropole de Metz moins lisible, encombrer les rues dans les quartiers... On ne peut pas dire que les avantages supplantent les inconvénients.

b) En faire un «boulevard urbain»? 

Détruire les ponts pour les transformer en carrefours à niveau serait un chantier considérable pour peu de gain: dégradation de la circulation sur la VR, mais aussi des rues des quartiers traversés.

(Et encore, sans parler des nuisances supplémentaires induises: freinages et accélérations massifs, bruit, moteurs tournant à l’arrêt dans les embouteillages créés.)

Bref, mauvaise idée le boulevard urbain: peu d’amélioration à attendre par rapport à la situation actuelle.

c) Maintien de l’infrastructure et protection des nuisances?

Là l’idée n’est plus de traiter le problème à la racine mais au plus près. Du curatif. Si on considère que pour le bon équilibre de tout le secteur est de l’agglomération il est préférable de ne pas remettre en cause le rôle de la D603, l’idée serait donc de maintenir la voie rapide, mais alors d’en protéger les alentours. 

On peut constater que la France est très en retard sur ce point-là.  Et Metz ne déroge absolument pas à la règle puisqu’à l’exception du mur anti-bruit de la Macabée (à la Grange aux Bois le long de la rocade) il y a aucun dispositif de protection des habitations aux nuisances en général, et ce malgré un linéaire particulièrement élevé d’autoroutes urbaines.

L’idée serait donc d’équiper les deux bords de la voie rapide de murs anti-bruit, de manière à emprisonner notamment le bruit sur l’emprise.

Les murs à construire sont représentés en violet.

Réduire la surface de la route sans modifier sa fonction?

Oui, on peut l'envisager. Si la route reste une VR sans obstacle et sans carrefour plan, elle restera attractive pour éviter les quartiers et faire le lien entre Metz-centre et l’extérieur de l’agglo. C'est là que ça commence à devenir intéressant. Du carrefour du garage Renault (pont rouge au pont de la rue des Petites Soeurs, un rétrécissement de la route n'apporterait pas grand-chose en plus d'une protection phonique... Sauf si on veut insérer une piste cyclable.

Ici, la voie la plus au sud (la voie de droite sens centre vers Borny) est transformée en piste cyclable, le mur anti-bruit se situe entre cette nouvelle piste et le reste de la route. Les deux voies sont maintenues sens sortant (centre vers Borny), le sens entrant (vers Metz-centre) est réduit à une voie jusqu'au pont de Sarrebruck.

Car il se trouve qu'en parallèle se situe la "piste de Rausch", son pire tronçon, non aménagé, sur la route de Borny et le carrefour "Pont Rouge". Une vraie misère.

C'est pourtant l'un des principaux a
xes (prétendument) cyclables, reliant Metz-centre à Metz-est.

En "prélevant" l'une des voies de notre VR, on peut donc faire un pontage à la piste cyclable et y apporter enfin le chaînon manquant.

(Resterait encore à solutionner le carrefour "Pont Rouge", véritable point noir.)

Pire encore que le long de la route de Borny: son débouché sur l'avenue de la Seille (carrefour du pont rouge)

Revenons à notre voie rapide. Nous venons de voir le cas de la section Pont Rouge - Petites soeurs. Maintenant, plus à l'est, entre le franchissement de la rue des Petites Soeurs et le rond-point carré du Bade, la D603 a la particularité de se séparer en  itinéraires.

Ainsi avec une réduction à 2x1 voie, on peut donc envisager la suppression d’une des deux routes.

Ici c’est plutôt l’itinéraire nord qui est fermé, parce le passage sous l’ancien tunnel ferroviaire crée un rétrécissement qui ne serait pas idéal pour deux voies à double-sens, en outre le passage par le Fort des Bordes est plus direct et moins urbanisé.

     

Le tunnel sous la rue Metman couvrait jadis l’ancienne voie ferrée qui passait ici, sur l’emprise de laquelle notre pénétrante-est a été bâtie. Deux voies, ça passe moyennant un petit rétrécissement. Deux voies à double sens, ça ferait juste.

Et si on craint une augmentation du risque de collisions frontales, ou qu’on veut prévenir des comportements agressifs tels des dépassements dangereux, rien n’empêche de séparer les deux voies d’une glissière fine.

Et là c'est jackpot: l’essentiel des Bordes et de la Corchade se retrouve débarrassé des nuisances autoroutières.

On peut donc même envisager l'urbanisation des abords de cette route.

On peut aussi envisager une piste cyclable, dans la continuité de celle imaginée précédemment. On aurait ainsi une piste le long de l'itinéraire de l'ancienne voie ferrée de Vigy sur laquelle a été construite la VR, entre le garage Renault et la Corchade.

Enfin pour aller encore plus loin, on peut envisager la suppression de l’A314. Après tout, il y a déjà plein d’autoroutes dans la zone, on peut donc les optimiser. 

Par contre, cette fois, cela nécessite de compléter l’échangeur entre l’ex-N3 et la rocade en conséquence. Et surtout, dans la perspective d’accueillir le trafic vers l’A4 en plus du reste, le maintien du rond-point carré du Bade semble impossible ; il faut envisager la dénivellation de ce point noir.

Toutes ces anciennes emprises autoroutières peuvent alors être rendues aux quartiers, notamment Vallières. L’ensemble de la Corchade est débarrassé des nuisances autoroutières, et on peut même envisager l’urbanisation de cette friche autoroutière.

La boucle est ainsi bouclée: on obtient une large réserve foncière sur le ban messin pouvant faire tout un nouveau quartier sans faire d'étalement urbain; et donc préserver les terres naturelles autour de l'agglomération messine! 

*FIN*