Episode 8 : [Le canal de Jouy bientôt rouvert à la navigation?] 🚤 (27/06/22)


Rouvrir le canal de Jouy à la navigation? C'est en tous cas ce qu'a déclaré le maire de Metz lors de l'inauguration de Metz Plage.

https://tout-metz.com/reouverture-canal-de-jouy-plage-de-sable-plan-d-eau-metz-2022-43976.php

Plus précisément, il s’agirait d’y faire circuler une seconde ligne fluviale intégrée aux transports en commun (Metz'O), qui irait du quai des régates à la zone Actisud (Waves).

De quoi s'agirait-il? Quel projet? Quels intérêts? Quels coûts? Bon… Par où commencer ?

Alors premièrement, on peut ressortir les mêmes critiques que pour Metz'O.
Mise en route il y a quelques semaines, on en parlait à l'occasion. 

1) Cela doublonnerait le réseau bus (notamment cette fois les lignes 1 et 14)



2) Là-encore les fréquences seraient dissuasives à côté des lignes de bus (et même lorsque, comme en ce moment, elles sont dégradées). 
En ce moment, au plus fort de son potentiel (touristique), Metz'O a une fréquence entre 1h et 1h30...

3) Et enfin les temps de parcours dissuasifs. On arrive à Actisud en une vingtaine de minutes via la L1 depuis place de la République (mais la ligne s'arrête trop tôt, au Cora).
Ici d'abord on aurait un trajet 3 fois plus long que Metz'O, lequel met déjà 30 minutes.
Mais en plus, il faudrait franchir les deux écluses successives du plan d'eau, autour de la maison à colombages. 30 minutes de plus dans la vue. 

Comptez donc une balade de 2h. 4h pour un aller-retour.  

Et c'est là que ça se corse: les écluses. Jusqu'à présent on a rebalayé l'absurdité de l'idée lancée sur le vif par François Grosdidier.
Mais au-delà de l'idée, il y a aussi les contraintes techniques. Et les investissements nécessaires pour que le projet devienne possible.


Les deux écluses, donc, sont condamnées par VNF. Impossible à savoir le coût pour les remettre opérationnelles. (Mais manifestement ce serait plus qu'un ponçage des parois et une noisette de graisse dans les gonds.)
On n'est donc pas dans la situation de Metz'O où - c'était l'argument du président Grosdidier - il n'y a aucun investissement à faire. Les écluses sont un double écueil au projet: il faut les remettre en état, et ensuite leur franchissement prend du temps.


Ensuite nous rencontrons un problème de gabarit. Et notamment le pont du boulevard Saint-Symphorien. Une petite péniche type Metz'O passe sans problème, mais ce n'est pas le cas de toutes les péniches. La navigation y serait de toute façon limitée.
 
C'est pour cela d'ailleurs que les péniches stationnent le long de l'île Saint-Symphorien. Faute de pouvoir aller plus loin...
 



L'explication: le canal est en fait obsolète depuis la fin du 19° siècle et la construction du canal et l'écluse de Fort-Moselle (bien avant sa mise à grand gabarit dans les années 1960).
Et du coup, le potentiel de navigation est très faible, même pour la plaisance, car l'itinéraire est intégralement doublé par la rivière navigable.



Quel intérêt de créer un doublon? Où iraient ces bateaux une fois arrivés sur le plan d'eau, vu que tous les bras plus en aval, aménagés en petites chutes, ne sont pas navigables du tout?


D'ailleurs la présence de péniche montre que la navigation n'est pas interdite. Elle est simplement limitée par le pont trop bas et les écluses condamnées. On n'y accède que par l'amont.
Mais si les écluses refonctionnaient, on se demande qui cela intéresserait.
Et enfin on bute sur un problème semblable à celui des écluses: le mauvais état des digues. 
En raison d'une navigation quasi inexistante les digues sont d'origine, et aujourd'hui leur fragilité est montrée du doigt.

Et donc le syndicat mixte du canal laisse bien quelques péniches accéder sur la rive St-Symphorien au compte-goutte, mais une navigation libre ne pourrait pas reprendre avant s'être assuré de la stabilité des digues. Et probablement des travaux de consolidation.
En plus des écluses, en plus d'une hauteur (tirant d'air) limitée, une navigation limitée par une impasse au-delà du plan d'eau, un projet du président-maire qui ne répond à aucun besoin est suspendu à l'état des digues.

Cela commence à faire beaucoup.
Même si l'on ne dispose pas de chiffres à ce stade, il est question de lourds travaux d'infrastructures, et on peut se demander combien de kilomètres de TCSP on pourrait construire avec une telle somme. Ou de pistes cyclables. 
Et sans parler des charges d'exploitation.
Alors que, même en dehors des restrictions liées à la pénurie de conducteurs, nos lignes de bus souffrent d'une sous-fréquence qui bride leur attractivité.

Déjà insuffisante à la base, on constate depuis plusieurs années que l'offre bus a globalement tendance à se dégrader https://twitter.com/mocrilorn/status/1526859984289640448

Bon, le canal a perdu sa vocation première quelques décennies seulement après sa construction il y a 150 ans. Mais c'est pas grave, on l'adore quand même!

Difficile lorsqu'on évoque le canal de Jouy en ces jours chauds de ne pas parler du travail de l'asso Metz Ville d'eau, le projet de renaturation du canal et la création d'un bassin de baignade entre les 2 écluses.

C'est l'épilogue de cet épisode.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Episode 19 👉Gare de Béning: ouverture vers Merlebach 👈 (16/10/24)

Episode 16: 👉Réactiver la voie ferrée Fontoy – Audun-le-Tiche ? (8/11/23)

Episode 20 : ▶️le transfert des routes nationales à la Région.◀️ (18/12/24)